Voltaire voyait dans son créateur, Jacques de Vaucanson, un Prométhée moderne. Mécanicien, horloger, passionné de musique et d’anatomie, Vaucanson créa un joueur de flûte et un joueur de timbales, androïdes musiciens de taille humaine. Il les exposa comme le canard, conçu avec des chirurgiens pour reproduire des fonctions physiologiques. Après l’exposition, le canard fut montré par des négociants lyonnais avec succès dans l’Europe entière.
Jacques de Vaucanson, inventeur du métier à tisser à chaînes mécaniques, portrait 1784
Réparé par un chimiste allemand, le canard refit des apparitions dans un spectacle itinérant d’automates, à la Scala de Milan, à Londres, à New York. En 1840, le père des magiciens, Jean-Eugène Robert-Houdin, eut à le rénover et crut que la digestion du volatile était factice: les excréments provenaient d’une réserve préparée à l’avance. Mais le canard ausculté était sans doute une réplique: le maître Vaucanson n’aurait pas eu recours à un artifice aussi grossier. On ne vit plus trace du canard après 1880, mais des clichés daguerréotypes pris à Dresde en 1899 le montrent déplumé, avec sa seule coquille de métal, son cylindre à nu, orphelin de son socle.
Controleur général des manufactures de soie, académicien, Vaucanson disparut en 1782. Ses machines et ses automates exposées dans l’hôtel de Mortagne devenu le cabinet des mécaniques royales,rejoindront lescollections dmusée des arts et métiers. Il repose sous la magnifique chapelle des âmes du purgatoire de l’église Sainte-Marguerite, réalisée par l’architecte Victor Louis et le peintre Brunetti.
© 2025 Paris revisité Tous droits réservés