Histoires de Paris

L’aristocrate régicide de Belleville

Premier martyr de la révolution, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau fut peint par Jacques-Louis David. Ce tableau le représentant mourant, dans un dyptique avec un autre agonisant, Marat assassiné, a été dissimulé par honte. Sans doute par sa propre fille. Lire la Suite
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Paul Conze, guide conférencier, vous propose des visites guidées originales, culturelles, insolites de quartiers parisiens.

Il a eu le destin jumeau de celui de Marat. Martyr de la foi révolutionnaire. Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, noble de robe né dans une famille prestigieuse, tenta de faire abolire la peine de mort, rédigea un plan d’éducation repris par Jules Ferry un siècle plus tard. Mais sa famille honteuse a caché le tableau représentant sa mort. Député de la noblesse aux Etats généraux de 1789, il a siégé à la gauche de toutes les assemblées, et fait voter la loi interdisant les titres de noblesse. Le plan d’éducation de Michel Lepeletier son nouveau nom à la ville, proposa une instruction obligatoire jusqu’à 12 ans. Le comité d’instruction publique l’adopta sur lecture de Robespierre. Dans le parc de son château de Belleville, il accueillit Chappe et le premier télégraphe, annonciateur des victoires de Jemmapes et Valmy.
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Les derniers moments de Michel Lepeletier par David (reproduction)

Le 20 janvier 1793, il se résout à voter la mort du roi, « pour la nécessité de l’état ». Chez le restaurateur Février au Palais-Royal, un ex garde du corps de Louis XVI l’assassine d’un coup de sabre sans sommation. Il est aussitôt martyr. On expose son corps place Vendôme, on le fait entrer au Panthéon. Son buste orne les mairies. Le Pré Saint Gervais devient Pré Lepeletier. Icône déchue de la fin de la terreur, jugé indigne du Panthéon, comme Marat, on rend son corps à sa fille: Louise-Suzanne, remariée à un de Mortefontaine, fervent royaliste. Elle rachète à David ses « derniers moments de Michel Lepeletier ». Désignée première pupille de la nation par la convention devant le dyptique de David, elle veut le dissimuler. Selon Jean d’Ormesson, descendant de l’illustre révolutionnaire, le tableau reposerait dans une cloison du château des Saint-Fargeau dans l’Yonne.
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