Histoires de Paris

Le Diorama, ancêtre du cinéma et de la photographie

La pratique du diorama, spectacle illusionniste constitué de toiles éclairées, pousse le peintre Louis Daguerre à se rapprocher de l’ingénieur et inventeur Nicéphore Nièps. De leur collaboration va naître un objet révolutionnaire: le daguerréotype. Lire la Suite
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Paul Conze, guide conférencier, vous propose des visites guidées originales, culturelles, insolites de quartiers parisiens.

L’homme est arrivé dans la nuit en catastrophe, prévenu par un coursier. Il assiste à un spectacle dont il n’est pas, pour une fois, le concepteur: le théâtre Diorama, place du château d’eau, est en flammes. La future place de la République et sa fontaine aux lions est tout entière saisie d’une odeur âcre. Parti des coulisses, le feu s’est propagé dans la salle et menace des dizaines de toiles dont celles des Diorama, qui ont fait la fortune du théâtre. L’homme, Louis Daguerre, négocie avec les sapeurs pour qu’on sauve son studio mitoyen, quitte à laisser le théâtre brûler. Dans ce studio laboratoire, il a mis au point un nouveau procédé: la révélation d’image dans une chambre obscure sur une plaque de cuivre recouverte de iodure d’argent. Daguerre veut à tout prix sauver son prototype: grâce à l’entregent de l’astronome et député François Arago, l’état lui a acheté son procédé photographique contre une pension.

Les Diorama, ces toile à double face sensible aux variations de la luminosité et permettant de suivre les transformations d’un lieu au cours de la journée ont moins de succès… Et ils sont assurés. Daguerre associé l’ingénieur Nicéphore Nièps, a perfectionné l’héliographie, la capture d’image dans une chambre obscure. En 1839, le parlement vote le versement d’une pension viagère de 6000 francs par an à Louis Daguerre, contre 3000 au fils héritier de Nicéphore Nièps, aujourd’hui reconnu comme le véritable inventeur de la photographie.
Le succès du daguerréotype est foudroyant, il met les portraitistes au chômage. Balzac, rétif, est un des premiers sujets photographiés, son cliché, célèbre, le montre fatigué par la pause de 30 minutes. Chopin s’offre au daguerréotype en clignant des yeux. Un anglais, William Fox Talbot, apportera une innovation essentielle avec le négatif sur papier, qui permet des tirages à l’infini. Le film celluloid de George Eastman, monsieur Kodak, sera une autre innovation décisive.
Des Dioramas, Panoramas, Cosmoramas (vues du monde), Géoramas (vues aériennes) et autres « rama », prétexte à calembours dans le roman « Le Père Goriot » d’Honoré de Balzac, seul subsiste le nom d’un passage sur les grands boulevards: les Panoramas.
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