A 22 ans, le visionnaire Emile de Girardin avait déjà créé un journal “Le voleur”, qui reprenait les articles de journaux concurrents. Il évitait ainsi les frais de rédaction et surtout les sanctions provoquées par les lois sur la presse, tatillonnes et mouvantemouvantes. Protégés par la loi de 1819, 84 titres paraissent alors à Paris et en province, pour un tirage total de 50000 exemplaires… L’imprimerie à rotative vapeur, la toute première mise en service rue des Jeûneurs, dans le quartier du Sentier, permet à Girardin de voir plus grand. Ce fils illégitime d’un général napoléonien héros d’Austerlitz crée en 1836 “La Presse”, quotidien grand public indépendant des gouvernements, sur le modèle du “Times” de Londres.

Girardin en 1868, journal Comic-Finance: caricatures et information financière, publié jusqu’en 1937
“La Presse” atteindra 100000 exemplaires en 1840, un succès largement dû à l’augmentation du lectorat en général, grâce à l’alphabétisation et à la baisse du coût de l’abonnement, grâce à l’introduction massive d’encarts publicitaires. L’autre innovation de Girardin pour fidéliser ses lecteurs est le roman-feuilleton. Aidé par sa femme, une poétesse proche des milieux littéraires, il embaûche des plumes prestigieuses, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, excusez du peu !
Mais la réussite de « La Presse » crée des inimitiés, celle d’Armand Carrel, brillant journaliste républicain, directeur de son grand concurrent, le journal “Le National”. Leur querelle, lorsque Girardin menace de révéler un adultère, les conduit au duel, au pistolet. Carrel y perd la vie.
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