Le 29 juillet 1830 allait-elle être une journée décisive, pour faire tomber la monarchie de Charles X ? le jeune compositeur Hector Berlioz vient de remporter le grand prix de Rome. De sa fenêtre à l’institut, où s’est réfugiée l’aristocratie du Faubourg Saint-Germain, il entend siffler les balles. Muni d’un pistolet, il descend les escaliers, franchit les couloirs bondés de familles, femmes, enfants, vieillards apeurés. Au coin des rues, les émeutiers aux traits de ceux de « la liberté guidant le peuple » de Delacroix ont dressé des barricades. A hauteur de Berlioz arrive un groupe d’insurgés qui se vente d’avoir participé à « la prise de Babylone »: il s’agit de la prise de la caserne de gardes royaux, située rue de Babylone.
La galerie Colbert, où fut jouée la marseillaise
Au Palais Royal, un groupe de musiciens fait une quête de soutien aux insurgés. La foule qui a grossi à vue d’oeil les suit vers la galerie voisine Colbert. A l’étage, la tête sous le grand dôme de verre, Berlioz fait jouer La Marseillaise qu’il a réorchestrée pour, a-t-il dit, ceux qui ont « une voix, du cœur et du sang dans les veines ».
La foule chante sous le grand dôme. Berlioz s’évanouit, écrasé par la puissance du son.
La Marseillaise, le vieux « chant de guerre pour l’armée du Rhin », boudé sous l’empire, deviendra hymne national sous la troisième république, en 1879.
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