Histoires de Paris

Piaf, le petit moineau sur la colline

Le destin planétaire de la plus grande interprète française s’est inventé dans les rues et les cabarets ouvriers de Belleville. Lire la Suite
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Paul Conze, guide conférencier, vous propose des visites guidées originales, culturelles, insolites de quartiers parisiens.

Elle a quinze ans, une silhouette menue, de petite taille, légèrement recroquevillée sur le dos, coiffée d’un élégant chapeau et d’un manteau noir à col de fourrure. Elle chante dans la rue, en bas de la rue de Belleville, sur le terre-plein du boulevard de la Villette. On est en 1930, elle s’appelle Edith Giovanna Gassion. A ses côtés, une amie l’accompagne et tend le chapeau à la fin du récital, récoltant quelques francs. C’est Simone Berteaut, « Momone », la fille d’une concierge de la rue de Ménilmontant qui l’accompagnera tout sa vie tel un « ange maudit », et la fournira en morphine. Edith est née à l’hôpital Tenon du XXème arrondissement. Pourtant une plaque au 72 rue de Belleville indique que « sur ces marches naquit dans le plus grand dénuement, celle dont la voix plus tard devait bouleverser le monde ». Cette naissance sur des marches d’immeuble, légende entretenue par Edith dans ses mémoires, sa mère l’a racontée. Elle s’appelait Line Marsa. Elle avait chanté à Montmartre, au cabaret du Chat Noir. Elle n’avait pas su forcer sa chance, elle avait sombré dans la drogue et l’alcool.
Les “caf-conc” de la rue de Belleville héritiers des bals du 19ème siècle, comme « les Folies », l’ancien bal des folies de Belleville, à l’angle du boulevard de Belleville ont mauvaise réputation. Les ouvriers y boivent leur paie, les repris de justice y fomentent leurs mauvais coups. Edith et « Momone » y chantent, y remplissent les verres. Elles se débrouillent seules.
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Hommage à la môme Piaf, au 72 rue de Belleville

Plus jeune, Edith a vécu sur les hauteurs de Belleville chez sa grand-mère maternelle: Emma Aïcha la kabyle, montreuse de puces et fameuse pochtronne. Et chez “Maman Tine”, sa grand-mère paternelle, en Normandie, dans un bordel. De retour à Paris, elle a accompagné son père, Louis Gassion, artiste de rue et saltimbanque, contorsionniste, dans ses performances. « Momone » est plus que sa copine: sa soeur, elles dorment dans le même lit. Edith se met en ménage avec Louis Dupont, chauffeur-livreur dans le XXème arrondissement, rue Orfila près de la place Gambetta. Mais Louis ne supporte pas qu’Edith retourne chanter avec « Momone ». Ils divorcent. Deux ans plus tard, la fille qu’ils ont eu meurt d’une méningite fulgurante.
Edith et « Momone » s’éloigneront de Belleville, pour Pigalle. La chance sera au rendez-vous. Un cabarétiste mondain des Champs-Elysées engagera Edith et lui donnera son nom de scène: « Piaf », le petit moineau.
Elle ne reviendra pas à Belleville, mais elle repose tout près, au Père Lachaise, avec sa fille, son père, et Théo Sarapo, son dernier mari. En bas du quartier qui l’a vue grandir, où elle s’est inventée.
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